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À l'écran

Lion, un voyage émouvant

Jeudi 16 mars 2017

Lion, un voyage émouvant

J’avais vaguement entendu parler du film avant d’en voir la bande annonce au cinéma et clairement, les quelques images m’ont donné immédiatement envie. Et je savais déjà que ça allait être une épreuve au niveau des émotions !

Tiré du livre autobiographique « A Long Way Home » de Saroo Brierley (sorti en 2013 en Australie et en 2014 dans le monde), Lion raconte une incroyable histoire vraie. Celle d’un jeune garçon indien nommé Saroo, âgé de 5 ans, qui se retrouve à 1500 km de sa maison après s’être retrouvé malgré lui seul dans un train. Perdu à Calcutta, ne parlant pas la langue (bengali) et forcément rempli d’innocence, il doit erré, se débrouiller, se protéger dans un pays où les enfants disparaissent par milliers chaque année … Après des mois plus que difficiles et alors qu’il espère toujours retrouver sa famille, il est adopté par un couple d’Australiens. 25 années plus tard, il commence à se souvenir de quelques détails et utilise alors une nouvelle technologie pour retrouver son village et ses racines : Google Earth. Une quête qui s’annonce compliquée vu le peu d’informations qu’il possède et l’étendue de son pays d’origine.

Bravo Sunny !

De tous les côtés, on entend que c’est un film avec Dev Patel et Nicole Kidman. Les gros noms c’est toujours vendeurs. Mais du coup, j’étais assez mécontente lorsque je me suis rendue compte dans la salle que plus de la moitié du film repose sur les épaules de Sunny Pawar qui joue Saroo enfant. Il faut donc rendre à César ce qui appartient à César : C’EST UN FILM AVEC SUNNY PAWAR ! Originaire de Mumbai (Bombay, en Inde) et repéré dans une école pour enfants défavorisés, il a été casté à 5 ans, a tourné le film à 6 ans alors qu’il ne parlait pas un mot d’anglais et n’avait jamais joué la comédie.

Sunny Pawar in Lion (2016) Characters: Saroo Brierley © Long Way Home Productions 2015

Pour les parties où il parle la langue de Shakespeare, il a écrit la phonétique de ce qu’il entendait pour pouvoir réciter ses répliques, avec un peu d’aide pour l’écriture. Et pour savoir quelle émotion interpréter, il a développé un langage des signes avec Garth Davis (le réalisateur qui signe ici son premier long-métrage). Impressionnant non ? Encore plus quand on a vu le film et qu’on sait qu’il est tout simplement excellent dans son rôle. Bluffant, surprenant, … J’en suis tombée amoureuse ! C’est fou de voir un tel talent brut si jeune et j’en suis complexée. Je me demande ce que j’aurais réussi à faire à son âge. Et je dois vous avouez que ça ne m’aurait pas dérangé que pendant tout le film il cherche son grand-frère « Gudu ? Gudu ? », il a gagné mon cœur aussi facilement que ça. Oui bon, ça aurait été un peu long et triste peut-être …

Aujourd’hui, il a huit ans, parle bien anglais et me rend encore plus jalouse : il a déclaré mieux comprendre le film maintenant qu’il a grandit, est plus mature et qu’il a eu l’opportunité de rencontrer le vrai Saroo. Il a aussi dit être très content que sa famille ai été respectée pendant tout le projet car il n’aurait pas pu le faire sans eux. Il veut continuer sa carrière d’acteur car faire ce métier est un privilège et il se sent béni, mais il veut tout de même laisser une grande place à son éducation. Et si sa carrière ne va pas plus loin, il souhaite devenir policier dans sa ville. MAIS QUI PARLE AUSSI BIEN À HUIT ANS ?

En plus, comme l’a dit Dev Patel dans une interview : « Il a même rencontré deux présidents ! » Que d’aventures pour un enfant.

Et les autres !

Bien sûr, les autres ne sont pas en reste et bien qu’ils soient un brin moins mignons à croquer, on ne peut pas nier que le casting est au top. On retrouve une Nicole Kidman touchante, on croise David Wenham (Seigneur des anneaux, 300) ou encore Rooney Mara (Millénium). Et évidemment : Dev Patel, qui signe encore une fois une super prestation. Il voulait absolument le rôle et est venu le chercher lui-même auprès de l’équipe du film qui lui a donné du fil à retordre avant de lui donner le rôle. Quand on veut, souvent on peut. Huit mois de préparation ont été nécessaire pour qu’il interprète au mieux Saroo ; de quoi faire un régime alimentaire strict, du sport pour développer sa musculature, adopter un accent australien et se laisser pousser la barbe.

Sunny Pawar and Dev Patel onstage during the 74th Annual Golden Globe Awards at The Beverly Hilton Hotel on January 8, 2017 in Beverly Hills, California. (Photo by Paul Drinkwater/NBCUniversal via Getty Images)

Même la musique du film est réussie, on y retrouve notamment Sia pour la bande originale avec sa chanson « Never give up » qu’elle a écrite exprès pour le film (ce qui se ressent avec l’influence indienne non dissimulée).

Deux heures précieuses

En général, quand on regarde sa montre dans une salle de cinéma c’est parce qu’on s’ennuie. Moi je l’ai regardé parce que j’avais peur que ça se finisse, je voulais vérifier qu’il restait du temps. Si je ne me trompe, c’est la première fois que je faisais ça. Quel film ♥

Quatre ans ont été nécessaires pour concrétiser ce petit bijou et ça en valait la peine. Outre l’histoire émouvante, et les deux acteurs (Sunny et Dev) qui prêtent parfaitement leurs traits au personnage principal, Lion nous montre la réalité d’une partie du monde qu’on connaît moins. Je n’ai jamais eu besoin d’un film pour me rappeler qu’on est pas mal lotis chez nous, mais j’aime toujours autant les petites piqûres de rappel. Les enfants n’ont pas accès à l’éducation faute d’argent, ils travaillent pour essayer de récolter des sommes dérisoires, les conditions de vie sont difficiles, les maisons précaires … Et les petits s’amusent d’un rien, gambadent autant que possible, profitent d’une gorgée de lait si précieuse, personne ne se plaint et leurs sourires sont des vrais rayons de soleil. Quand chez nous les petits rêvent déjà d’une tablette et d’un smartphone, eux regardent avec envie des Jalebi (un dessert indien populaire) qui ont un rôle significatif d’ailleurs (et il faut absolument que je goûte ça!)

C’est aussi une fenêtre intéressante sur les différences culturelles, notamment lorsque Saroo est perdu dans la gare de Calcutta et cherche de l’aide en vain. Il est difficile d’imaginer qu’on traiterait de la sorte un enfant seul dans une gare française et pourtant, c’est monnaie courante là-bas. J’ai un ami du Bengladesh qui connaît du coup bien la région et son fonctionnement, j’ai beaucoup discuté du film avec lui et c’est vraiment intéressant de voir un film qui permet ce genre de discutions.

Esthétiquement, le film est beau. Et la quête d’identité du personnage à l’âge adulte est très prenante. On s’est tous déjà posé des questions sur nous-même alors que l’on sait qui l’on est et d’où l’on vient. S’imaginer ignorer tout de son passé et se rendre compte qu’on a une famille quelque part qui nous cherche peut-être … L’adoption est aussi un thème brillamment aborder, avec sa beauté et ses difficultés. Et de sublimes paroles prononcées par Sue Brierley (jouée par Nicole Kidman).

Vers la fin, il y a une scène où j’ai littéralement retenu mon souffle (j’ai des poumons de fou qui me permettent de faire des pauses tranquillement, je suis un peu pourvue de supers pouvoirs, il faut que vous le sachiez). Un suspens intense et savoureux, qui mélange des souvenirs du passé avec le présent à la perfection. Au bout des deux heures, ça devenait dur, je peinais à retenir des petites gouttelettes de larmes et je suis sortie de la salle le sourire aux lèvres, avec cette joie au fond de moi qui caractérise une séance de cinéma plus que réussie avec un film excellent et ce bonheur que peut procurer la culture. Celle-là même qui nous divertit, nous nourrit l’esprit, nous offre des images fortes et des histoires touchantes, nous donne la pêche, nous met du baume au cœur … (ou nous déçoit, certes, ça arrive aussi).

Encore besoin d’être convaincu(e) ?

Six nominations aux Oscars, cinq aux British Academy Film Awards (et deux victoires : « Best supporting actor » pour Dev Patel et « Best adapted screenplay »). Un budget de production de 12 million de dollars et un succès qui en valait déjà 103 million le 5 mars dernier (et ce n’est pas fini, il est toujours à l’affiche!) Et il faut savoir que le film est porté par deux producteurs australiens car de nombreuses boîtes de production américaines ont refusé de s’associer au projet car l’équipe du film n’a pas voulu déplacer l’intrigue aux Etats-Unis et ce genre d’histoires ça m’enchante toujours : prouver à ces gens qu’ils ont eu tord ! (Il faudrait que les Américains se rendent compte que la vie existe ailleurs qu’en Amérique et qu’on peut être transporté dans une histoire et s’identifier à des personnages même si ça se passe en dehors de leurs frontières …)

Foncez le voir si vous en avez l’occasion, il en vaut grandement la peine. Quant à moi, je suis pressée de revoir Sunny (qui méritait un Oscar pour son travail franchement, injustice haha), il apparaîtra dans « Love Sonia » aux côtés de Demi Moore qui sortira courant de l’année. Ainsi que les futurs projets de Dev Patel, qui choisit toujours ses rôles méticuleusement, dont le film Hotel Mumbai qu’il a tourné avec (notamment) Jason Isaacs (Lucius dans Harry Potter, entre autres) et qui raconte l’histoire vraie des attaques terroristes qui se sont déroulées à Bombay en novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

1 Commentaire

  • Alicia
    31 mars 2017 à 23 h 25 min

    Si bien décrit, ce film est sublime

    Réponse

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